jeudi 29 août 2013

Les régimes de retraite 1 - Régimes gouvernementaux

Eh oui, une autre pyramide! Après celle des besoins de Maslow (dont j'ai parlé ici), voici celle de la retraite! Chaque étage de cette pyramide représente un type de régime sur lequel on doit se baser pour maintenir une bonne qualité de vie une fois à la retraite. Il nous faut donc construire une pyramide solide en tirant profit de tous les régimes qui sont à notre disposition.

Dans ce premier billet d’une série de trois, je vais discuter des régimes de retraite gouvernementaux. Les régimes d’employeurs et les régimes individuels seront abordés dans les parties suivantes de la série.

Pyramide de la retraite. Tirée de Plamondon et Sauvé.
(Cliquez pour agrandir)


Note : Tous les montants mentionnés sont arrondis pour permettre une lecture plus facile. Pour des chiffres plus exacts, visiter les sites Internet que j’ai mis en référence à la fin de ce billet.

Les régimes gouvernementaux

Ces régimes sont situés à la base de notre pyramide. Pour les Québécois, on y retrouve le Régime de rentes du Québec (RRQ) et la Pension de sécurité de la vieillesse (SV). Les personnes à faibles revenus peuvent parfois dépendre de ces revenus pour vivre, alors que les personnes de la classe moyenne peuvent les considérer comme des revenus d’appoint. Rapidement par contre, lorsque nos revenus sont plus importants, les montants provenant de ces sources s’amoindrissent et disparaissent.

a) Au niveau provincial

Le Québec est la seule province du Canada à avoir son propre régime de retraite, géré par la Régie des rentes du Québec. Le RRQ existe depuis 1966 et a été modifié à quelques occasions, notamment en 1998 et en 2011. Dès l’âge de 18 ans, tous les salariés et les employeurs (sauf rares exceptions) doivent cotiser au RRQ. Le taux de cotisation est de 5.4% du revenu brut pour chacune des parties.

Le RRQ verse une prestation aux personnes de 65 ans et plus (à la retraite ou non) ainsi qu’aux personnes de 60 ans et plus à la retraite (ou non, à partir de 2014) qui en font la demande. Cette rente correspond à 25% de la moyenne des revenus annuels pour lesquels il y a eu cotisation. Au moment d’écrire ces lignes, le montant maximal de la rente pour une personne de 65 ans est d'un peu plus de 12 000$ par année.

Le montant versé varie selon l’âge de la retraite. En effet, lorsque la retraite est prise après l’âge de 65 ans, le montant reçu à chaque mois est augmenté pour chaque année de travail additionnelle (à raison de 8.4% par année). À l’inverse, prendre une retraite plus tôt diminue les montants reçus, la réduction variant en fonction du revenu d’emploi moyen en carrière. En 2016, une personne prenant sa retraite à 60 ans verra sa rente maximale diminuer de 36%.

b) Au niveau fédéral

À la base de la pyramide de la retraite, on retrouve un autre fondement du système de solidarité sociale canadien : la Pension de la sécurité de la vieillesse (SV). C’est une pension accordée mensuellement aux Canadiens éligibles âgés de 65 ans et plus. Cet âge passera à 67 ans en avril 2023.

La prestation est entièrement imposable. Présentement, elle est d’environ 6600$ par année au maximum. Elle est amputée de façon progressive lorsque nos revenus nets dépassent un certain seuil, fixé autour de 70 000$ en 2013.

En plus de la SV, le Supplément de revenu garanti (SRG) et l’allocation au conjoint peuvent être versés aux certaines personnes à faible revenu déjà éligibles à la SV. Ce sont des prestations non imposables, dont les montants sont déterminés par le revenu du bénéficiaire, son état civil et l’éligibilité du conjoint.

c) Est-ce suffisant?

Une fois à la retraite, une portion seulement des revenus de travail est généralement nécessaire pour conserver le même niveau de vie une fois à la retraite. Le chiffre souvent avancé par les planificateurs financiers est 70% des revenus bruts moyens, mais ce chiffre n’est pas coulé dans le béton. Selon le niveau de vie souhaité, il peut osciller entre 50 et 80% et doit être réfléchi au cas par cas.

Voici un exemple :
Soit un célibataire ou un veuf de 65 ans qui gagne 60 000$ par année mais qui ne possède aucune autre source de revenus. À la retraite, sa prestation de SV serait d’environ 6600$, celle de la RRQ de 12 000$ et celle du SRG de 2300$. Son revenu total serait donc de 20 900$ par année, soit un peu plus du tiers de ses revenus d’emploi. Au minimum il faudrait que ses autres sources de revenus avoisinent également les 20 000$ par année s’il veut maintenir sa qualité de vie.

On voit donc, avec cet exemple, que les régimes publics peuvent aider à solidifier la base de la pyramide de la retraite, mais qu’ils ne sont pas suffisants pour permettre d’atteindre l’indépendance financière. Les régimes d’employeurs et les régimes individuels comme le REÉR doivent donc combler le vide.

Dans la prochaine partie de cette série, nous discuterons des différents types de régimes d’employeurs.


Références

- PLAMONDON, Rolland G. et SAUVÉ, Pierre. (2012). « La démarche professionnelle en planification financière personnelle : une activité stratégique d’intégration », dans Rolland G. Plamondon et Pierre Sauvé (dir.), La planification financière personnelle : une approche globale et intégrée, 6e édition, Montréal, Chenelière Éducation inc., pp. 190-201
- Services Canada. Informations pour les aînés. Page consultée le 29 août 2013.
- Régie des rentes du Québec. La rente de retraite de la Régie des rentes du Québec. Page consultée le 29 août 2013.
- DUPRAS, Martin. (2012). « Besoin de revenus à la retraite : le 70% est-il pertinent? ». Finance et investissement. Page consultée le 29 août 2013.


lundi 19 août 2013

L'inflation, un fléau silencieux

Les gens de ma génération s'en souviennent : quand on était petits, on allait au dépanneur du coin acheter des "bonbons à une cenne" avec notre argent de poche. On en ressortait avec un sac plein de jujubes, un sourire aux lèvres et quelques caries en développement. Maintenant, on ne peut plus acheter grand chose avec quelques sous. C'est l'effet de l'inflation qui se fait ressentir : le coût des biens et services augmente avec le temps.

Qu'est-ce que l'inflation?

On définit l'inflation comme étant "la hausse soutenue du niveau général des prix"(réf 1). Les causes de l'inflation sont nombreuses, pas toujours claires et font l'objet de nombreuses théories économiques qu'il serait trop compliqué d'expliquer ici. La Banque du Canada, banque centrale qui gère l'économie au pays, se sert de ses politiques monétaires pour tenter de contrôler le niveau d'inflation et de conserver la force du dollar canadien. Elle se sert de différents indices pour mesurer l'inflation, le plus populaire étant l'indice des prix à la consommation (IPC), qui mesure directement l'évolution du coût de la vie. L'IPC est règulièrement publié par Statistiques Canada et se calcule en tenant compte de plusieurs composantes, notamment :

Besoins primaires
  • Les aliments
  • Le logement
  • L'habillement
  • La santé
Dépenses secondaires
  • Le transport
  • Les loisirs
  • L'alcool et le tabac

    Le graphique ci-dessous montre le taux de variation de l'inflation sur 12 mois depuis 2008. En juin 2013, l'IPC a grimpé de 1.2% dans les 12 mois précédents, principalement à cause de l'augmentation des coûts du transport(réf 2).

    Taux de variation de l'inflation 2008-2013. Source : Statistiques Canada
    (Cliquer pour agrandir)

    Il y a peu de chances qu'on expérimente une "hyperinflation" telle que celle qu’a vécu l’ex-Yougoslavie entre 1989 et 1994. Un taux quotidien de 64.6% a été observé (313 millions de % par mois) alors que le pays imprimait de plus en plus d’argent et était sous sanctions sévères de l’ONU(réf 3). Un exemple encore plus marquant est celui du Zimbabwe entre 2000 et 2009. Le gouvernement a carrément cessé de compter après 2008 parce qu'il trouvait que ça avait l'air fou : il a été estimé par la suite que le taux d’inflation mensuel était de presque 80 milliards de % par mois(réf 4). Un pain pouvait s'acheter plus de 550 millions de dollars zimbabwéens (plus encore sur le marché noir). Le gouvernement devait imprimer des billets comme ceux-ci, qui valaient 30 dollars américains à l'époque :


    (Cliquer pour agrandir)


    Qu'est-ce que ça change?

    Ce qui importe pour le commun des mortels, c'est de savoir que le coût de la vie augmente généralement avec le temps. Ainsi, avec 100$ en poche, on peut acheter davantage de biens et services aujourd'hui que dans 30 ans. C'est donc un élément important à considérer dans la planification de l'indépendance financière et de la retraite. Normalement, nos salaires sont augmentés annuellement pour suivre l'effet de l'inflation et pour conserver notre pouvoir d'achat. C'est ce qu'on appelle l'indexation.

    Également, le rendement de nos placements est influencé à la baisse par l'inflation. C'est pour cela qu'on peut qualifier cette dernière de "fléau silencieux" : elle n'est pas visible sur nos relevés mais elle diminue pourtant l'ampleur des gains provenant de nos investissements, érode notre pouvoir d’achat et nous éloigne de notre cible. (Voir les commentaires pour un exemple)

    Bien qu'on ne puisse généralement éviter l'effet de l'inflation dans le calcul du rendement réel de nos placements, on peut aussi voir que de placer son argent dans des régimes exempts d'impôts (comme le CÉLI) est clairement à notre avantage.


    Références

    (réf 1) PLAMONDON, Rolland G. et SAUVÉ, Pierre. (2012). « La démarche professionnelle en planification financière personnelle : une activité stratégique d’intégration », dans Rolland G. Plamondon et Pierre Sauvé (dir.), La planification financière personnelle : une approche globale et intégrée, 6e édition, Montréal, Chenelière Éducation inc., pp. 63-66.
    (réf 2) Statistiques Canada. "Indice des prix à la consommation, juin 2013". Page consultée le 13 août 2013 http://www.statcan.gc.ca/daily-quotidien/130719/dq130719a-fra.htm
    (réf 3) Business Insider. "The 10 Worst Hyper-Inflation Horror-Stories of the Past Century". Page consultée le 19 août 2013 http://www.businessinsider.com/worst-hyperinflation-2011-10
    (réf 4) HANKE, Steve H. and KWOK, Alex K.F. On the measurement of Zimbabwe's hyperinflation. Cato Journal, 29(2):353-364, 2009. (Version PDF)

    mardi 6 août 2013

    Épargner petit à petit

    On connaît bien le dicton québécois "C'est avec des cents qu'on fait des piastres!" (quoique maintenant on parlerait plutôt de cinq sous). C'est avec de petites sommes qu'on obtient de plus grosses sommes. C'est l'essence même de l'épargne.  Voici donc quelques façons pour y arriver.


    Une manière simple et facile d'épargner est de suivre le principe du "Payez-vous d'abord". Ce concept a été popularisé par l'auteur canadien David Chilton dans son livre Un barbier riche (voir références). L'idée est de mettre automatiquement de côté une partie de son salaire avoir d'avoir pu la dépenser. Cela paraît brutal mais, la plupart du temps, il n'y a aucun effet indésirable sur la qualité de vie : on s'habitue à ne pas avoir cette somme à sa disposition. Il suffit ensuite d'investir ces épargnes et de ne plus y toucher à moins d'en avoir réellement besoin.

    Une autre façon d'épargner petit à petit est de modifier certaines de ses habitudes de vie pour ensuite mettre la différence de coût dans une jarre ou un compte d'épargne. Par exemple, on peut faire une grosse quantité de pâté chinois pour faire ses propres lunchs et mettre de côté l'équivalent d'un dîner au resto.  On peut aussi faire son propre café au bureau au lieu d'aller acheter un venti-latté-double-crème-fouettée-sirop-de-caramel chez Starbucks. Ainsi, économiser 5$ par jour permet d'amasser plus de 100$ en un mois. Au bout d'un an, la jarre contiendra plus de 1200$ (vous devriez peut-être la vider plus souvent que ça). En prime, c'est meilleur pour le tour de taille!

    Il y a bien sûr d'autres manières d'économiser : satisfaire ses besoins sans excès, se limiter à un budget fixe, négocier régulièrement ses forfaits de téléphonie cellulaire, de télévision et d'Internet, effectuer des recherches sur un article pour dénicher le meilleur prix... En plus d'acquérir de bonnes habitudes de consommation, cela permet de ramasser des sous pour ce projet qui tient tant à coeur ou encore pour couler ses vieux jours à l'abri des tracas.


    Automatiser et simplifier sans frais

    Heureusement, plusieurs outils bancaires sont à notre disposition pour nous aider dans notre démarche d'épargne. Dans mon cas, j'ai réglé un transfert automatique entre mes comptes pour que, lorsque ma paie est déposée, 10% de celle-ci va directement vers mon compte d'investissement CÉLI. Une autre portion est également automatiquement allouée à mon fonds d'urgence. Le processus est très facile à initier et je n'ai plus à m'en soucier par la suite car tout se fait tout seul.

    J'aime bien aussi l'option Petits ¢ompromis de l'application mobile d'ING Direct. J'ai notamment ajouté une entrée "Faire mon propre lunch" qui me permet de transférer 5$ de mon compte-chèques vers mon fonds d'urgence en quelques secondes. L'application permet également de faire un suivi de l'argent ainsi économisé et de savoir combien la somme de ces petites épargnes rapportera dans cinq et 25 ans avec les intérêts.

    Par ailleurs, une autre façon d'économiser est de faire affaire avec une banque sans frais, comme ING Direct. Ceci permet de réaliser des économies importantes par rapport aux frais de service des grandes banques. Les taux d'intérêt plus élevés sur les comptes d'épargne aident également à faire travailler notre argent, grâce à la magie de l'intérêt composé.


    Références

    CHILTON, David. (1997, c1993). Le barbier riche : le bon sens appliqué à la planification financière. Saint-Laurent, Éditions du Trécarré, 211 pages.
    CHILTON, David. (2012). Le retour du barbier riche : visiblement plus vieux et légèrement plus sage, David Chilton offre son point de vue sur le monde de l'argent. Montréal, Logiques, 227 pages.

    Ces deux ouvrages sont des incontournables pour les débutants en matière de finance personnelle. Le premier livre, écrit sous la forme d'un roman, est très difficile à trouver car il n'est plus imprimé. Certaines librairies ont encore la version anglophone en stock mais vous aurez plus de chances à votre bibliothèque municipale. Sinon, le second livre du même auteur, paru plus récemment et tout aussi humoristique, reprend les mêmes thématiques. Il est disponible en librairie, en ligne (en français et en anglais) ainsi qu'en bibliothèque.


    jeudi 1 août 2013

    Bilan mensuel - Août 2013

    C'est le moment du bilan mensuel! Le graphique suivant illustre la situation au 1er août 2013 (normalisée au 1er juillet 2013) et vous pourrez constater un changement assez majeur...

    (Cliquer pour agrandir)

    Mais que s'est-il passé pour que mon bilan personnel fasse une chute de -49.7% depuis le mois dernier?

    Vroum vroum!


    Comme j'en discutais dans mon billet précédent, nous nous sommes achetés une voiture au cours du mois de juillet. Une nouvelle ligne s'est donc ajoutée à ma liste des passifs puisque nous avons financé l'auto chez le concessionnaire pour cinq ans. Nous avons également dû faire une razzia chez Canadian Tire pour acheter le nécessaire pour l'entretien ainsi qu'un assainisseur d'air à l'agréable parfum de concombre et melon...

    Je n'ai toutefois pas ajouté de ligne dans ma liste d'actifs. Ici, c'est un choix personnel. Certaines personnes considèrent qu'une voiture a une certaine valeur et qu'elle devrait être ajoutée à la liste des actifs. Il faut par contre ajuster régulièrement la valeur de la voiture pour tenir compte de sa dépréciation.  Des sites Internet comme VMR Canada et des publications telles que le Canadian Red Book aident à effectuer cette évaluation, tout comme les petites annonces.

    Une autre option est d'entrer la même valeur du côté des actifs que du côté des passifs. Ainsi, à mesure que le prêt est payé, la valeur de la voiture diminue également.  Cette approche régularise le bilan personnel en n'entraînant pas de variations majeures, mais si l'objectif est de se débarrasser de la dette rapidement, celui-ci est un peu perdu de vue.

    Dans mon cas, puisque la voiture déprécie avec le temps et que je n'envisage pas encore de la vendre en cas de problèmes financiers, je ne vais pas l'inclure dans mes actifs.  Je préfère donc être plus conservateur et prendre un coup dur sur mon bilan personnel maintenant.  Cela me permettra ainsi d'avoir un portrait plus réaliste de mon cheminement vers l'indépendance financière.

    L'important dans le fond, c'est d'être consistant dans la méthodologie choisie puisque le résultat du bilan personnel n'a de valeur réelle qu'à nos propres yeux.

    Qu'en pensez-vous?  Comment entreriez-vous l'achat d'une voiture dans votre propre bilan personnel?